Ce qui reste quand la peau se détache du corps

Performance sonore interdisciplinaire

Centre d'Expérimentation Musicale, Chicoutimi (11-12-13 août 2022)
Festival des Musiques de Création, Chicoutimi (21-22 octobre 2022)
Festival Open Waters, Halifax (6 janvier 2023)

Ce qui reste quand la peau se détache du corps est un spectacle performatif et sonore créé par les artistes Sara Létourneau et Chantale Boulianne. Pendant deux ans, elles ont travaillé à concevoir et fabriquer des structures sonores et des instruments géants qu’elles manipulent et transforment sur scène : le soufflet géant, la tôle vivante, la basse contrepoids, l’escabeau-boite à clous, l’immense rond-koto... Dans une série de tableaux sonores et physiques magnifiés par la lumière, elles parlent de leur corps, de métamorphoses et de potentielles catastrophes.

À la croisée de la performance, de l’art sonore et de l’installation, cette création est présentée dans un environnement immersif, sur un système multiphonique à 8 haut-parleurs.

CE QUI RESTE QUAND LA PEAU SE DÉTACHE DU CORPS

Création et interprétation : Sara Létourneau et Chantale Boulianne
Direction technique et sonorisation : Guillaume Thibert
Conception de l’éclairage : Andrée-Anne Giguère
Durée : 1h10m

Pour voir une captation complète du spectacle, contactez l'artiste ou le Centre d'Expérimentation Musicale

Entrevue Sara Létourneau et Chantale Boulianne durant la création
Teaser - Ce qui reste quand la peau se détache du corps
Photos

Crédit photo: Samuel Snow

Ce qui reste quand la peau se détache du corps

Ce qui reste quand la peau se détache du corps est une performance sonore installative immersive d’une durée de 1h10m. Cette création des artistes multidisciplinaires Sara Létourneau et Chantale Boulianne est le fruit d’une recherche sur les points de résonance entre le corps, la matière et le son. Pendant deux ans, elles ont exploré les propriétés acoustiques de différentes matières. Elles ont conçu et construit diverses structures modulables et plusieurs instruments géants qu’elles manipulent constamment sur scène. Elles déploient leurs dispositifs scénographiques et sonores dans une série de tableau très physiques qui s’enchaînent en réservant plusieurs surprises. Ici, les corps font de la musique et nous parlent de tempêtes, de blessures, de transformations, de reconstructions, de petites et de grandes peurs, de cicatrices, de catastrophes, de vie et de mort.

La recherche du duo, soutenue par le Conseil des arts du Canada, a été entamée en 2020, dans des résidences intensives de création (Centre d’art actuel Bang, Centre de production en art actuel Touttout, Centre d’Expérimentation Musicale), entrecoupées par des périodes de recherche, de formation, de conception et de fabrication. Les artistes ont également présenté à quelques reprises (2021-2022) des extraits du travail au public dans des festivals de musique actuelle et des centres d’artistes (CEM, Touttout, Le Lieu, Sporobole, Langage Plus, E27 Nouvelles Musiques). Tout en continuant d’évoluer, le spectacle a été présenté au Saguenay en août 2022 au CEM, en octobre 2022 au Festival des Musiques de Création et en janvier 2023 au festival Open Waters à Halifax.

La création s’est articulée autour de 4 axes principaux : le son, les actions performatives, la scénographie et le texte.

L’exploration sonore sur les propriétés de la matière est une composante centrale du travail. Les artistes façonnent le son à l’aide de constructions résonnantes, d’instruments inventés et d’amplificateurs acoustiques parfois combinés à divers effets audionumériques. Un jeu entre les sonorités acoustiques ou amplifiées modifie l’écoute et transforme l’espace sonore. Les éléments amplifiés sont traités numériquement avec différents effets et spatialisés dans un système multiphonique immersif à 8 haut-parleurs disposés autour du public. Tout le travail sonore est réalisé directement par les deux artistes sur scène.

Les actions performatives sont basées sur la manipulation de structures modulaires aux potentiels multiples. Des constructions en direct, des assemblages et désassemblages sont réalisés sur scène, amenant les corps dans un mouvement perpétuel où les postures et conduites corporelles sont sans cesse renouvelées. Les tableaux se déploient et se replient dans un enchaînement constant, où la transition demeure toujours active, fluide et poétique. La construction en elle-même devient tableau vivant.

La scénographie est constituée de plusieurs éléments sculpturaux conçus pour s’agencer de diverses façons. Au fil des installations, il en surgit des instruments de musique grand format ou de grandes structures mobiles, offrant un vaste éventail de possibilités symboliques, formelles et sonores.

Les textes ont été écrits à partir de vécus personnels sensibles en vue d’ouvrir vers des thématiques plus larges. Elles parlent de blessures, de ce qui forme l’individu, de transformations et de passages. Cela mène vers notre rapport au monde et au collectif, vers l’impuissance face à ce monde en perdition, inactif face aux futures catastrophes amenées par les changements climatiques. Le drame personnel devient collectif et universel. La parole poétique devient également matière sonore et est traitée et spatialisée dans le système multiphonique.

Ce qui reste quand la peau se détache du corps est une réflexion sur la transformation, sur la nécessité d’un renouvellement, lorsqu’il devient obligatoire de modifier notre rapport au monde pour éviter la catastrophe, tant individuellement que collectivement. Comment faire peau neuve, trouver la beauté et la poésie dans la nécessité du changement ? Abandonner les exuvies et construire avec ce qui reste?

C’est également un vaste travail collectif, où les deux cerveaux et les quatre mains du duo Boulianne-Létourneau sont au cœur de toute la création du spectacle. En fin de processus, elles ont accueilli Guillaume Thibert à la direction technique et sonore ainsi que Andrée-Anne Giguère à la conception des éclairages. À quatre, ils ont amené le spectacle dans sa forme finale.

Le résultat est un spectacle immersif, surprenant et inventif. Univers poétique et fascinant certes, mais aussi par moment austère, brut, agressant et angoissant.

Sara Létourneau